Pour moi, les « personnages les plus beaux » que nous rencontrons dans One Piece sont surtout une critique du battage médiatique in-universe et de la misogynie. Cela va bien au-delà d’une simple échelle de beauté.
Certes, Oda a un problème avec le concept de « Female Sameface = Beauté », mais je ne pense pas qu’il écrit ces personnages en croyant réellement qu’ils sont, de manière canonique, « les plus belles femmes » dans l’univers de One Piece. Je doute qu’Oda imagine la beauté comme une statistique gravée dans le marbre, car chacun des trois personnages considérés comme les plus beaux (in-universe), à savoir Hancock, Shirahoshi et Komurasaki, est accompagné d’une série de nuances et d’astérisques qui rendent leur beauté bien plus subjective qu’il n’y paraît.
Hancock
Hancock est considérée comme la plus belle des Amazones car, sur Amazon Lily, la force est synonyme de beauté. Les autres Amazones voient aussi Sandersonia et Marigold comme extrêmement belles, même si elles n’ont pas le « Female Sameface », car elles sont puissantes. Hancock est la plus belle des Amazones parce qu’elle est la plus forte.
Cela, combiné à son passé traumatique qui masque ses insécurités, lui donne la confiance nécessaire pour se proclamer « la plus belle femme au monde ». Son Fruit du Démon renforce cette perception, car elle peut transformer en pierre quiconque succombe à sa beauté. Le reste repose sur le battage médiatique in-universe : elle affirme qu’elle est la plus belle, et le fait que son pouvoir semble le prouver pousse le monde à l’accepter.
Shirahoshi
Shirahoshi a… 16 ans. 14 ans avant l’ellipse. Et elle n’est jamais sortie du palais. La seule façon pour les gens ordinaires de connaître son visage est à travers les vidéos diffusées lors des funérailles de sa mère, lorsqu’elle avait 6 ans. Mis à part cela, seules sa famille et le personnel du palais connaissent son apparence.
Et Vander Decken.
Vander Decken, qui ne cesse de parler de son « amour » pour Shirahoshi tout en lui lançant des armes. Je pense que ce freak est directement responsable de cette rumeur sur sa prétendue beauté divine. Peut-être qu’il ne l’a pas propagée intentionnellement, mais les pirates passent constamment par l’île des Hommes-Poissons, et il agit de manière bruyante et publique depuis des années. Cette perception de Shirahoshi repose donc sur le regard biaisé d’un individu dérangé et sur des récits amplifiés par des voyageurs.
Komurasaki/Hiyori
Komurasaki est vénérée comme la plus belle femme de Wano… parce qu’elle a travaillé dur pour obtenir ce titre. En tant qu’oiran, elle a atteint cette position pour se rapprocher d’Orochi en tant qu’espionne, avec l’objectif de le tuer un jour. C’est le même genre de stratégie que Robin a employée à d’autres moments de l’histoire, mais sur une période plus longue.
Komurasaki avait aussi le soutien du chef des Yakuza, qui pouvait facilement propager des rumeurs pour renforcer son image. Pourtant, lorsqu’elle « meurt », Hiyori peut se déplacer parmi les habitants sans que personne ne la reconnaisse, même avec un simple capuchon. Personne ne s’évanouit à la vue de sa beauté, et elle n’est même pas identifiée comme étant Komurasaki. Cela prouve que son statut de « femme la plus belle de Wano » reposait entièrement sur le battage médiatique in-universe et non sur une beauté surnaturelle.
Conclusion
Le cas de Komurasaki/Hiyori est ce qui m’a convaincu que les titres de « plus belle femme » dans One Piece sont des outils narratifs et sociaux fabriqués dans l’univers, et non une représentation fidèle d’une beauté surnaturelle. Oda conçoit sans doute ces personnages comme étant magnifiques, mais il ne semble pas les considérer comme des êtres absolument suprêmes en matière de beauté dans leur monde.
Ces « titres » servent davantage à illustrer des thèmes sociaux comme la propagande, les préjugés et le pouvoir des rumeurs, plutôt que d’établir une hiérarchie fixe de beauté dans l’univers de One Piece.
